Pour ce deuxième épisode de notre série “Energie de Résidents”, nous accueillons Edouard Cailleau, CEO de Coockpit, agence de conseil en transformation digitale, mais aussi président du CJD. Ce jeune entrepreneur nous donne sa vision personnelle et professionnelle de la crise sanitaire. Nous vous laissons découvrir cette nouvelle énergie, pleine de détermination et d’envie de conquérir de nouvelles opportunités !

1. Pouvez-vous vous présenter ?

Edouard Cailleau chez Newton Offices

Je m’appelle Edouard Cailleau, j’ai 33 ans, bientôt 34 ! Je suis marié et papa d’Héloïse, 16 mois. Je dirige la société Coockpit, une agence conseil et réalisation en transformation digitale et plus particulièrement en conception d’application métier sur-mesure. L’objectif est d’accompagner les entreprises et les organisations publiques dans la conception de solutions sur-mesure pour digitaliser tout ou une partie de l’entreprise. Cela peut être des solutions aussi bien de facturation, de relation client, de chaîne de production… Dès lors que le digital permet de capitaliser aussi bien sur la Data, notre objectif est de réduire toutes les tâches à faible valeur ajoutée. J’ai créé des solutions qui me permettent de mutualiser l’information, de la rendre plus collaborative et de faciliter la vie de l’entreprise.

En parallèle de mon activité, je suis président du CJD, « Centre des Jeunes Dirigeants » de Marseille, un mouvement patronal créé en 1930 et qui représente 5.000 chefs d’entreprises en France dont 80 à Marseille. Notre vocation est de mettre l’économie au service de l’Homme. Donc de faire réfléchir l’entrepreneur sur soi, sur sa société, sur son environnement, son contexte social et sociétal pour progresser. Le métier de dirigeant d’entreprise est un métier qui s’apprend toute la vie. Nous mettons en œuvre une remise en question et un accompagnement des entrepreneurs. Les principales forces de ce mouvement, c’est de partager avec ses pairs, par la richesse de la diversité des profils (des chefs d’entreprise de toutes tailles, de 1 à 500 salariés dans la santé le service, l’industrie, le tourisme, le BTP…), nous pouvons résoudre ensemble des problématiques qu’elles soient RH ou encore managériales. Autour de déjeuners, de cafés croissance, de formations… Le CJD c’est l’école des entrepreneurs !

2. Comment s’est déroulé votre confinement et qu’avez-vous changé depuis ?

D’un point de vue très personnel, ça a changé notre organisation de passer en télétravail. Dans l’organisation chez Coockpit, historiquement, déjà, l’ensemble des équipes sont en télétravail. Nous avons des développeurs à Toulon, à Avignon, et parfois de façon plus occasionnelle à Lille. Nous possédons déjà cette culture du télétravail donc ça ne changeait pas grand-chose. Travailler à la maison pendant une petite période ce n’était pas gênant, sauf un petit peu de logistique pour aménager un bureau. Donc au départ, pas d’inquiétude. Le confinement s’est plutôt bien passé.

Mon inquiétude, je l’ai ressentie en particulier en étant membre du CJD et en échangeant beaucoup avec nos adhérents. L’impact a été d’ailleurs plus économique que sanitaire. Sur le sanitaire, on peut suivre les consignes et avancer pour accepter ce qui est imposé. Moi, je suis plutôt à respecter les règles, donc on suit les règles de confinement et les gestes barrières.

D’un point de vue économique en revanche, le confinement a eu un impact direct. J’ai pu l’observer auprès de nombreux adhérents du CJD avec qui je suis en contact quotidien. L’organisation a été chamboulée, car nous avons arrêté de nous rassembler et le cœur du CJD est de se retrouver régulièrement pour partager. Puis nous avons trouvé des solutions en digitalisant nos réunions. Nous avons participé a beaucoup de réunions en visio, notamment durant nos commissions de travail. Nous avons créé un groupe WhatsApp dédié au Covid-19, qui s’appelle d’ailleurs « solidarité Covid-19 ». Dans lequel nous essayons de partager un maximum d’informations entre nous sur des aspects juridiques et sociaux à savoir la mise en place du chômage partiel. Il y a quand même eu pas mal de travail au départ pour monter les dossiers, savoir où chacun en était, s’il avait eu des retours, si tout s’était bien mis en place, etc.

Les sujets autour du PGE (Prêt Garanti par l’État) étaient au centre de nos discussions. Il y avait pas mal de questions qui se sont posées. Mais, en trame de fond, nous pouvons retenir cette solidarité de pouvoir partager ses angoisses, ses inquiétudes et ses expériences. Et ainsi, se dire qu’on ne traverse pas tout seul ces moments difficiles et que l’incertitude est collective. Cela permet de prendre du recul, car quand on est chef d’entreprise, la remise en question est permanente, être toujours dans le doute pour faire mieux. Il faut prendre un peu de la distance par rapport à ça, et se dire que ce n’est pas un défaut de gestion ou une perte d’activité propre à nos décisions. C’est vraiment un impact mondial, ce qui nous aide aussi à relativiser.

Et enfin, ça a été aussi l’occasion de valoriser les jeunes dirigeants qui sont dans le domaine médical. Notamment Camille Giordano qui œuvre dans une clinique de soin avec un pôle anti-Covid. Nous avons pu suivre son procédé, l’accompagner et la soutenir dans ses démarches. Il y a aussi Raphaël Seguin qui préside la « Savonnerie du Fer-à-Cheval », membre du CJD et qui a mutualisé une commande, par ses relations, de livraisons de masques. Ainsi, nous avons mis en place un grand nombre d’actions solidaires sur ce type de sujets.

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3. Qu’est-ce que ce confinement vous à apporté ? Comment allez-vous relancer votre activité ?

Le confinement a eu plusieurs vertus personnelles, mais aussi professionnelles. Moi qui suis dans le digital, je trouve que la visio-conférence a changé une partie de notre travail. Je pense qu’il est toujours important d’aller voir régulièrement ses clients, car il y a quelque chose qui ne passe pas par la Visio : la proximité. Je travaille avec des chefs d’entreprises, et il y a ce lien de confiance, c’est important de se voir, de boire le café.

J’ai remarqué qu’en visio, les gens sont beaucoup plus ponctuels, et là, on gagne une efficacité monstrueuse. Alors en plus, c’est écologique, car on n’utilise plus la voiture, mais surtout, le gain de temps est énorme sur une après-midi. En parallèle des visios, j’utilise Loom vidéo qui permet de filmer son écran et sa tête en même temps. Comme je l’ai dit, nous créons des applications métiers, on livre des modules, et au lieu de se déplacer ou de faire des documents Word, nous avons pu mettre en place des présentations vidéo. Ainsi, le client regarde une vidéo de 6-7 minutes où on lui livre et présente son module. Filmer la présentation renforce aussi l’expérience. Le digital nous a poussés à réfléchir à nos outils et aussi à mettre en place des outils interactifs. Le confinement nous a poussés encore plus à chercher des nouvelles résolutions digitales.

J’ai constaté un changement dans mon équilibre vie pro/vie perso. He suis un entrepreneur qui travaille beaucoup, avec un rythme très intense. Ce confinement a eu l’effet d’une petite pause. J’ai pu me poser des questions pour la suite. Et prendre du recul pour retravailler cet équilibre.

D’ailleurs, notre équipe s’est agrandie, Manon est arrivée en tant que chef de projet digital. Donc chez Coockpit, oui on a signés des CDI en plein Covid ! Et là forcément, sur une prise de poste, on ne peut pas tout faire en télétravail, nous sommes revenus au bureau, mis en place des solutions qui respectent les gestes barrières. C’est pour ça que j’ai pris le temps de lire les documents de Newton Offices sur le sujet, d’ailleurs qui sont, on peut le dire très bien faits !

4. Comment voyez-vous le monde de demain ? Vous parlez d’impact économique et sanitaire. Qui y a-t-il dans votre boule de cristal… ?

Je n’en ai pas, mais j’aimerais bien comme beaucoup d’entrepreneurs, pour avoir un peu de visibilité !

De mon côté, j’ai la chance de travailler dans le digital, sur des projets de systèmes d’informations plutôt structurant pour les entreprises donc nous avons été moins impactés. Significativement moins que le tourisme ou les agences de communication marketing plus classiques qui sont souvent les premiers budgets coupés en cas de crise. Pour l’instant chez Coockpit, nous n’avons pas eu d’impact économique à court terme, nous avons un carnet de commandes bien rempli. Je pense que nous allons va pouvoir continuer de planer, nous sommes une petite structure, nous sommes légers et nous arriverons à passer.

Je reste optimiste, parce que je vis comme ça et je me dis que le 11 mai tout s’est bien passé. Il y aura toujours un petit peu d’inertie, mais que ça va reprendre. Vu ma personnalité, je ne peux vivre qu’avec l’optimisme parce que maintenant, j’ai 2 développeurs, 1 chef de projet, des salaires à sortir. Donc, sans optimisme, ça devient compliqué.

5. En parlant de l’impact sur les secteurs de la com, du marketing… Pensez-vous que cette période de crise sanitaire pourrait être à la base d’une forte remise en question ?

Je pense que ça va au-delà du marketing, c’est une vraie remise en question de sa façon de travailler. C’est comme une transformation digitale qui va impacter chaque modèle économique, les processus, etc. Le Covid-19 t’invite à réfléchir à ton modèle économique, ton organisation, tes relations clients et collaborateurs.

Oui, je pense qu’il faut le voir différemment. C’est aussi une prise de conscience pour les entreprises pour se dire qu’il est temps d’intégrer pleinement leur rôle social, sociétal et environnemental. De reposer son organisation pour intégrer l’ensemble des parties prenantes, et répondre à l’ensemble des défis.

Cette pandémie c’est aussi un symbole de mère nature. D’ailleurs, on le voit, le parc national des calanques n’a jamais été aussi riche. Les dauphins sont revenus, la faune et la flore se révèlent comme jamais, en seulement en 2 mois !

L’enfant d’un des membres du CJD disait : « Mais maman, tu as vu l’effet sur la nature ? il faudrait qu’on soit confiné 1 mois tous les ans ! ». C’est rigolo de le dire et économiquement, ce n’est pas possible. Mais philosophiquement, j’aime cette réflexion. Qui dit que finalement, il faut laisser respirer un peu la nature, et on se rend compte que ça lui fait du bien. Alors ce sera déjà une forme de victoire sur ce qu’on a vécu.