Extra-Muros est le podcast qui met en lumière les plus belles réussites d’entreprises en régions. De Marseille à Lille en passant par Nantes, Lyon ou Bordeaux, Guillaume Pellegrin, fondateur de Newton Offices, interroge des dirigeants pour découvrir avec vous les raisons de leurs succès Extra-Muros.
Dans cet épisode, Ronan Le Moal, co-fondateur d’Épopée Gestion, nous explique comment son fonds d’investissement accompagne les PME du Grand Ouest pour faire émerger des champions en régions.
Après 25 ans passés dans le secteur bancaire, notamment chez Fortuneo Banque et Crédit Mutuel Arkéa, Ronan décide de revenir à Brest sur ses terres d’origine en 2020 pour créer Épopée Gestion avec la volonté de dynamiser le territoire du Grand Ouest, de la Normandie à l’Occitanie.
La stratégie d’Épopée Gestion est de trouver des verticales d’investissement pour contribuer à la dynamique économique du territoire. Il se concentre ainsi sur le digital (75M€), les PME/ETI (105M€), l’immobilier (270M€) et les infrastructures (300M€) pour créer de véritables écosystèmes locaux.
Au micro d’Extra-Muros, Ronan s’attaque aux clichés sur les fonds d’investissements qui ne s’intéressent qu’à la rentabilité. Il nous explique que chez Épopée Gestion, la volonté est de devenir un véritable partenaire des entreprises dans lesquelles il investit. Être un fonds accompagnant, un fonds d’entrepreneurs pour entrepreneurs.
Sur ce thème, il nous livre 2 conseils aux entrepreneurs qui souhaitent lever des fonds :
« Il y a au moins 2 choses : je pense qu’il ne faut pas choisir un fonds d’investissement uniquement pour le capital qu’il peut apporter, ce que tu évoquais au début de notre discussion. Il faut voir si on a affaire à des gens qui sont capables de comprendre le business avant de rentrer dans le tableur Excel.
Des exemples, comme toi, j’en ai de nombreux, où on commence à discuter du 3e chiffre du TRI, avant d’avoir compris quelle était la stratégie de l’entreprise. Tout ça parce qu’on croit que ça ressemble à un modèle qu’on a déjà vu. On se dit « Super, on va faire un “copycat” de ce qu’on a déjà vu.
e crois qu’il faut vraiment s’assurer qu’on ait face à soi. On a des exemples concrets d’investissements, où on a été choisi, pas parce qu’on était le mieux disant sur la valorisation, mais parce que l’entrepreneur et son équipe avaient vraiment le sentiment qu’on serait capable d’être un « sparring partner ».
– Donc, être capable de bien comprendre si on a face à soi des gens qui posent d’abord des questions sur la compréhension de la stratégie du business model et la manière dont la boite doit grandir avant de plonger dans les chiffres. Ça paraît évident quand on le dit, mais ça, c’est le point important.
Et puis, le 2e point, je pense, c’est d’être dans un état d’esprit où finalement, ne plus être tout seul dans son capital, quand on est entrepreneur, si on garde la majorité, si on a à côté de soi un fonds qui a les caractéristiques que j’évoquais, c’est sans doute s’allier à quelqu’un qui va être capable, d’ouvrir des portes, d’aller chercher les manières de faire de la croissance à l’export, d’aller chercher des talents, qui va être un accélérateur de croissance. Pas juste par l’argent qu’il aura apporté, mais par le savoir faire qu’il mettra autour.
Je pense que le vrai travail de l’entrepreneur, une fois qu’il a accepté ou en tout cas qu’il a fait ce premier pas d’accepter de discuter avec des fonds, c’est de bien détecter qui il a face à lui. Et je pense qu’objectivement, ça se voit assez vite. En tout cas, comme toi, j’ai un peu d’expérience en la matière, tu vois assez vite à qui tu as affaire. Je ne porte pas de jugement de valeur. D’ailleurs, il faut de tout pour faire un monde.
En tout cas, l’entrepreneur qui veut construire une belle success story, de croissance, avec une vision, plutôt un capital patient à moyen terme, il a plutôt intérêt à s’allier à quelqu’un qui va d’abord effectivement comprendre qu’il est là pour 5 à 7 ans et faire tout ce qu’il faut pour accompagner cette croissance, plutôt que quelqu’un qui va commencer à chercher les endroits, il va pressuriser les chiffres pour que dans 3 ans, il fasse la belle affaire, soit par le multiple d’Ebitda, soit par l’Ebitda, soit par les 2 d’ailleurs.
C’est tout un travail d’acculturation, de prise de connaissance, prendre le temps de voir à qui on a affaire. Ensuite, il y a une belle aventure à mener. On a des exemples tous les jours de choses qui se passent très bien et c’est souvent le fruit d’une discussion qui ne dure pas quelques semaines, mais quelques mois pendant lesquels on apprend à se connaître. C’est hyper important. »
Ronan nous explique également que fonds d’investissement ne rime pas seulement avec performance économique mais aussi avec RSE, lorsqu’elles ces dimensions sont ancrées dans les modèles d’affaires des entreprises :
« Il n’y a pas d’impact sociétal et écologique durables s’il n’y a pas de performance économique. Ça, c’est le préalable qu’on met toujours. On n’oppose pas ces 3 dimensions qu’on a parfois tendance, de manière caricaturale, à opposer. Ça, c’est le point de départ.
Pour autant, on pense qu’on est dans une phase de transition. Cette phase de transition, elle suppose d’aménager les manières dont on pilote pour être sûr qu’on prenne la bonne direction. Et nous, comment est-ce qu’on a fait ça ?
Bien sûr, en choisissant parfois des thèses d’investissement qui ont plutôt tendance à travailler cette dimension de décarbonation ou d’impact sociétal, mais aussi en faisant en sorte que les équipes de gestion chez nous soient alignées totalement avec ces impacts. Et comment on le fait ?
Typiquement, ce qu’on appelle le carried interest la commission de surperformance qui revient à l’équipe de gestion j’essaye d’éviter les anglicismes. Elle est indexée directement, il y a entre 5 et 30% de cette commission sur chacun de nos fonds qui est indexé sur les indicateurs ESG : impact sociétal et environnemental.
L’équipe de gestion est incentivée à le faire. De la même manière, ce qu’on appelle les « man packs », les packages de rémunération des dirigeants des boîtes dans lesquelles on investit, il y a une partie des indicateurs qui est également appuyée sur des indicateurs ESG au sens large.
Par ailleurs, on a nous même créé un fonds de dotation, qui vise… Parce que ce n’est pas dans notre thèse, à permettre, pour être un peu global, de financer du commerce de proximité de manière “non profit”, parce qu’on n’a pas vocation à en faire une thèse d’investissement, mais c’est alimenté par une partie de nos frais de gestion, de notre commission de surperformance.
Pour nous, la dimension ESG, c’est à la fois la prise en compte des 3 dimensions que j’évoquais tout à l’heure dès le départ, dans les modèles d’affaires, et c’est en même temps, pour s’assurer que la transition vers un nouveau modèle se passe bien, une espèce de modèle qu’on tordrait un peu en mettant les indicateurs spécifiques pour aligner tout le monde vers ce profil de prise en compte des 3 éléments que sont la performance économique, sociétale et environnementale. C’est comme ça qu’on agit.
Bien sûr, ensuite, je pourrais te dire que nos fonds sont labellisés, si on prend les labels ISR pour les fonds immobiliers, Article 8 ou Article 9 dans les fonds classiques. Tout ça, c’est vrai. Au-delà des labels, ce qu’on aime bien, c’est mettre du concret derrière et voir comment on a un impact réel sur les dimensions sociétales et environnementales. »
Un épisode passionnant, qui déconstruit les idées reçues, au cœur d’un secteur dont on entend beaucoup parler sans forcément savoir comment il fonctionne. En écoutant l’épisode complet, vous découvrirez notamment :
- La genèse d’Épopée Gestion.
- La stratégie d’investissement d’Épopée Gestion.
- Les types d’investisseurs qui en font partie.
- Les taux de rentabilité des différents fonds d’Épopée Gestion.
- Comment se déroule l’accompagnement des entreprises par Épopée Gestion.
- Quelques entreprises dont Épopée Gestion est au capital.
- Comment Épopée Gestion intègre la RSE dans le développement des entreprises accompagnées.
- Le regard que porte Ronan sur l’environnement d’affaires de la région bretonne.
- Les spécificités de cette région.
- Les conseils de Ronan aux entrepreneurs qui souhaitent lever des fonds.
Un grand MERCI à Ronan pour cet épisode qui nous décrit l’envers du décor d’un monde dont le grand public ne connaît finalement pas grand chose. À bientôt pour de nouvelles aventures extra-muros !
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